Poème vraiment - 30 Poèmes sur vraiment


30 poèmes


Phonétique : vermine vermines vermineuse vermineuses vermineux Vermont virement virements vraiment


Au courant de l'amour lorsque je m'abandonne,
Dans
le torrent divin quand je plonge enivré,
Et
presse éperdument sur mon sein qui frissonne
Un
être idolâtre.

Je
sais que je n'étreins qu'une forme fragile,
Qu
'elle peut à l'instant se glacer sous ma main,
Que
ce cœur tout à moi, fait de flamme et d'argile,
Sera
cendre demain ;

Qu
'il n'en sortira rien, rien, pas une étincelle
Qui
s'élance et remonte à son foyer lointain :
Un
peu de terre en hâte, une pierre qu'on scelle,
Et
tout est bien éteint.

Et
l'on viendrait serein, à cette heure dernière,
Quand
des restes humains le souffle a déserté,
Devant
ces froids débris, devant cette poussière
Parler
d'éternité !

L
'éternité ! Quelle est cette étrange menace ?
A
l'amant qui gémit, sous son deuil écrase,
Pourquoi
jeter ce mot qui terrifie et glace
Un
cœur déjà brisé ?

Quoi !
le ciel, en dépit de la fosse profonde,
S
'ouvrirait à l'objet de mon amour jaloux ?
C
'est assez d'un tombeau, je ne veux pas d'un monde
Se
dressant entre nous.

On
me répond en vain pour calmer mes alarmes !
« L
'être dont sans pitié la mort te sépara,
Ce
ciel que tu maudis, dans le trouble et les larmes,
Le
ciel te le rendra. »

Me
le rendre, grand Dieu ! mais ceint d'une auréole,
Rempli
d'autres pensers, brûlant d'une autre ardeur,
N
'ayant plus rien en soi de cette chère idole
Qui
vivait sur mon cœur !

Ah!
j'aime mieux cent fois que tout meure avec elle,
Ne
pas la retrouver, ne jamais la revoir ;
La
douleur qui me navre est certes moins cruelle
Que
votre affreux espoir.

Tant
que je sens encor, sous ma moindre caresse,
Un
sein vivant frémir et battre à coups pressés,
Qu
'au-dessus du néant un même flot d'ivresse
Nous
soulève enlacés,

Sans
regret inutile et sans plaintes amères,
Par
la réalité je me laisse ravir.
Non
, mon cœur ne s'est pas jeté sur des chimères :
Il
sait où s'assouvir.

Qu
'ai-je affaire vraiment de votre là-haut morne,
Moi
qui ne suis qu'élan, que tendresse et transports ?
Mon
ciel est ici-bas, grand ouvert et sans borne ;
Je
m'y lance, âme et corps.

Durer
n'est rien. Nature, ô créatrice, ô mère !
Quand
sous ton œil divin un couple s'est uni,
Qu
'importe à leur amour qu'il se sache éphémère
S
'il se sent infini ?

C
'est une volupté, mais terrible et sublime,
De
jeter dans le vide un regard éperdu,
Et
l'on s'étreint plus fort lorsque sur un abîme
On
se voit suspendu.

Quand
la Mort serait là, quand l'attache invisible
Soudain
se délierait qui nous retient encor,
Et
quand je sentirais dans une angoisse horrible
M
'échapper mon trésor,

Je
ne faiblirais pas. Fort de ma douleur même,
Tout
entier à l'adieu qui va nous séparer,
J
'aurais assez d'amour en cet instant suprême
Pour
ne rien espérer.
Paroles d’un Amant
Poèmes de Louise Ackermann

Citations de Louise Ackermann
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I

Du
fer, du feu, du sang ! C'est elle ! c'est la Guerre
Debout
, le bras levé, superbe en sa colère,
Animant
le combat d'un geste souverain.
Aux
éclats de sa voix s'ébranlent les armées ;
Autour
d'elle traçant des lignes enflammées,
Les
canons ont ouvert leurs entrailles d'airain.

Partout
chars, cavaliers, chevaux, masse mouvante !
En
ce flux et reflux, sur cette mer vivante,
A
son appel ardent l'épouvante s'abat.
Sous
sa main qui frémit, en ses desseins féroces,
Pour
aider et fournir aux massacres atroces
Toute
matière est arme, et tout homme soldat.

Puis
, quand elle a repu ses yeux et ses oreilles
De
spectacles navrants, de rumeurs sans pareilles,
Quand
un peuple agonise en son tombeau couché,
Pâle
sous ses lauriers, l'âme d'orgueil remplie,
Devant
l'œuvre achevée et la tâche accomplie,
Triomphante
elle crie à la Mort: « Bien fauché ! »

Oui
, bien fauché ! Vraiment la récolte est superbe ;
Pas
un sillon qui n'ait des cadavres pour gerbe !
Les
plus beaux, les plus forts sont les premiers frappés.
Sur
son sein dévasté qui saigne et qui frissonne
L
'Humanité, semblable au champ que l'on moissonne,
Contemple
avec douleur tous ces épis coupés.

Hélas !
au gré du vent et sous sa douce haleine
Ils
ondulaient au loin, des coteaux à la plaine,
Sur
la tige encor verte attendant leur saison.
Le
soleil leur versait ses rayons magnifiques ;
Riches
de leur trésor, sous les cieux pacifiques,
Ils
auraient pu mûrir pour une autre moisson.


II

Si
vivre c'est lutter, à l'humaine énergie
Pourquoi
n'ouvrir jamais qu'une arène rougie ?
Pour
un prix moins sanglant que les morts que voilà
L
'homme ne pourrait-il concourir et combattre ?
Manque-t-il
d'ennemis qu'il serait beau d'abattre ?
Le
malheureux ! il cherche, et la Misère est là !

Qu
'il lui crie : « A nous deux ! » et que sa main virile
S
'acharne sans merci contre ce flanc stérile
Qu
'il s'agit avant tout d'atteindre et de percer.
A
leur tour, le front haut, l'Ignorance et le Vice,
L
'un sur l'autre appuyé, l'attendent dans la lice :
Qu
'il y descende donc, et pour les terrasser.

A
la lutte entraînez les nations entières.
Délivrance
partout ! effaçant les frontières,
Unissez
vos élans et tendez-vous la main.
Dans
les rangs ennemis et vers un but unique,
Pour
faire avec succès sa trouée héroïque,
Certes
ce n'est pas trop de tout l'effort humain.

L
'heure semblait propice, et le penseur candide
Croyait
, dans le lointain d'une aurore splendide,
Voir
de la Paix déjà poindre le front tremblant.
On
respirait. Soudain, la trompette à la bouche,
Guerre
, tu reparais, plus âpre, plus farouche,
Écrasant
le progrès sous ton talon sanglant.

C
'est à qui le premier, aveuglé de furie,
Se
précipitera vers l'immense tuerie.
A
mort ! point de quartier ! L'emporter ou périr!
Cet
inconnu qui vient des champs ou de la forge
Est
un frère ; il fallait l'embrasser, - on l'égorge.
Quoi !
lever pour frapper des bras faits pour s'ouvrir !

Les
hameaux, les cités s'écroulent dans les flammes.
Les
pierres ont souffert ; mais que dire des âmes ?
Près
des pères les fils gisent inanimés.
Le
Deuil sombre est assis devant les foyers vides,
Car
ces monceaux de morts, inertes et livides,
Étaient
des cœurs aimants et des êtres aimés.

Affaiblis
et ployant sous la tâche infinie,
Recommence
, Travail ! rallume-toi, Génie !
Le
fruit de vos labeurs est broyé, dispersé.
Mais
quoi ! tous ces trésors ne formaient qu'un domaine ;
C
'était le bien commun de la famille humaine,
Se
ruiner soi-même, ah ! c'est être insensé !

Guerre
, au seul souvenir des maux que tu déchaînes,
Fermente
au fond des cœurs le vieux levain des haines ;
Dans
le limon laissé par tes flots ravageurs
Des
germes sont semés de rancune et de rage,
Et
le vaincu n'a plus, dévorant son outrage,
Qu
'un désir, qu'un espoir : enfanter des vengeurs.

Ainsi
le genre humain, à force de revanches,
Arbre
découronné, verra mourir ses branches,
Adieu
, printemps futurs ! Adieu, soleils nouveaux !
En
ce tronc mutilé la sève est impossible.
Plus
d'ombre, plus de fleurs ! et ta hache inflexible,
Pour
mieux frapper les fruits, a tranché les rameaux.


III

Non
, ce n'est point à nous, penseur et chantre austère,
De
nier les grandeurs de la mort volontaire ;
D
'un élan généreux il est beau d'y courir.
Philosophes
, savants, explorateurs, apôtres,
Soldats
de l'Idéal, ces héros sont les nôtres :
Guerre !
ils sauront sans toi trouver pour qui mourir.

Mais
à ce fier brutal qui frappe et qui mutile,
Aux
exploits destructeurs, au trépas inutile,
Ferme
dans mon horreur, toujours je dirai : « Non ! »
O
vous que l'Art enivre ou quelque noble envie,
Qui
, débordant d'amour, fleurissez pour la vie,
On
ose vous jeter en pâture au canon !

Liberté
, Droit, Justice, affaire de mitraille !
Pour
un lambeau d'Etat, pour un pan de muraille,
Sans
pitié, sans remords, un peuple est massacré.
-
Mais il est innocent ! - Qu'importe ? On l'extermine.
Pourtant
la vie humaine est de source divine :
N
'y touchez pas, arrière ! Un homme, c'est sacré !

Sous
des vapeurs de poudre et de sang, quand les astres
Pâlissent
indignés parmi tant de désastres,
Moi-même
à la fureur me laissant emporter,
Je
ne distingue plus les bourreaux des victimes ;
Mon
âme se soulève, et devant de tels crimes
Je
voudrais être foudre et pouvoir éclater.

Du
moins te poursuivant jusqu'en pleine victoire,
A
travers tes lauriers, dans les bras de l'Histoire
Qui
, séduite, pourrait t'absoudre et te sacrer,
O
Guerre, Guerre impie, assassin qu'on encense,
Je
resterai, navrée et dans mon impuissance,
Bouche
pour te maudire, et cœur pour t'exécrer !
La guerre
Poèmes de Louise Ackermann

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