Poème soupconne - 3 Poèmes sur soupconne


3 poèmes


J'ai lu chez un conteur de fables,
Qu
'un second Rodilard, l'Alexandre des chats,
L
'Attila, le fléau des rats,
Rendait
ces derniers misérables.
J
'ai lu, dis-je, en certain auteur,
Que
ce chat exterminateur,
Vrai
Cerbère, était craint une lieue à la ronde :
Il
voulait de souris dépeupler tout le monde.
Les
planches qu'on suspend sur un léger appui,
La
mort-aux-rats, les souricières,
N
'étaient que jeux au prix de lui.
Comme
il voit que dans leurs tanières
Les
souris étaient prisonnières,
Qu
'elles n'osaient sortir qu'il avait beau chercher,
Le
galand fait le mort, et du haut d'un plancher
Se
pend la tête en bas : la bête scélérate
A
de certains cordons se tenait par la patte.
Le
peuple des souris croit que c'est châtiment,
Qu
'il a fait un larcin de rôt ou de fromage,
Égratigné
quelqu'un, causé quelque dommage ;
Enfin
qu'on a pendu le mauvais garnement.
Toutes
, dis-je, unanimement
Se
promettent de rire à son enterrement,
Mettent
le nez à l'air, montrent un peu la tête,
Puis
rentrent dans leurs nids à rats,
Puis
ressortant font quatre pas,
Puis
enfin se mettent en quête.
Mais
voici bien une autre fête :
Le
pendu ressuscite ; et, sur ses pieds tombant,
Attrape
les plus paresseuses.
" Nous
en savons plus d'un, dit-il en les gobant :
C
'est tour de vieille guerre ; et vos cavernes creuses
Ne
vous sauveront pas, je vous en avertis :
Vous
viendrez toutes au logis. "
Il
prophétisait vrai : notre maître Mitis
Pour
la seconde fois les trompe et les affine,
Blanchit
sa robe et s'enfarine ;
Et
de la sorte déguisé,
Se
niche et se blottit dans une huche ouverte.
Ce
fut à lui bien avisé :
La
gent trotte-menu s'en vient chercher sa perte.
Un
rat, sans plus, s'abstient d'aller flairer autour :
C
'était un vieux routier, il savait plus d'un tour ;
Même
il avait perdu sa queue à la bataille.
" Ce
bloc enfariné ne me dit rien qui vaille,
S
'écria-t-il de loin au général des chats :
Je
soupçonne dessous encor quelque machine :
Rien
ne te sert d'être farine ;
Car
, quand tu serais sac, je n'approcherais pas. "
C
'était bien dit à lui ; j'approuve sa prudence :
Il
était expérimenté,
Et
savait que la méfiance
Est
mère de la sûreté.
Le Chat et un vieux Rat
Poèmes de Jean de La Fontaine

Citations de Jean de La Fontaine
Plus sur ce poème | Commenter le poème | Imprimer le poème
| Envoyer à un ami | Voter pour ce poème | 1022 votes


Je t'aimais par les yeux, je puis
Me
détourner de ton visage,
Te
parler sans boire à ce puits
De
ton regard vibrant et sage.

Je
t'accosterai comme font
Les
prêtres avec les abbesses;
Plus
rien ne trouble et ne confond
Une
paupière qui s'abaisse.

Si
terrible que soit l'amour,
Si
spontané, ferme, invincible,
Le
coeur heureux l'aidait toujours...
Mais
tu me seras invisible.

Grave
, je porterai le deuil,
Que
nul hormis toi ne soupçonne,
De
dédaigner sur ta personne
L
'injuste beauté de ton oeil.

Quand
ta voix engageante et tiède
Voudra
reprendre le chemin
De
mon coeur, qui te vint en aide
Avec
la douceur de mes mains,

J
'aurai cet aspect d'infortune
Qui
surprend et fait hésiter;
Tu
pourras, sombre iniquité,
Croire
enfin que tu m'importunes !

Comment
me nuirait désormais
Ton
fin et vivant paysage
Si
mes yeux n'abordent jamais
Son
délicat coloriage ?

Si
jamais je ne me repais
De
la nourriture irritante
Par
quoi je détruisais ma paix ?
Si
plus rien en toi ne me tente ?

-
Et qu'étais-tu, toi que j'ai craint
Plus
que toute mort et tout blâme,
Si
ton charme succombe au frein
Du
noble souci de mon âme ?

Poème de l'amour
Poèmes de Anna de Brancovan, comtesse de Noailles

Citations de Anna de Brancovan, comtesse de Noailles
Plus sur ce poème | Commenter le poème | Imprimer le poème
| Envoyer à un ami | Voter pour ce poème | 788 votes