Poème route+Rends+moi - 2 Poèmes sur route+Rends+moi


2 poèmes


Phonétique (Cliquez pour la liste complète) : érotisé hérauts hérita héritai héritais héritait héritas héritât héritâtes hérite héritée héritées hérites hérités raouts raretés rata ratai ratais ratait ratas ratât ratâtes rate râteau ratée ratées rates ratés ...


Eh bien ! reprends-le donc ce peu de fange obscure
Qui
pour quelques instants s'anima sous ta main ;
Dans
ton dédain superbe, implacable Nature,
Brise
à jamais le moule humain.

De
ces tristes débris quand tu verrais, ravie,
D
'autres créations éclore à grands essaims,
Ton
Idée éclater en des formes de vie
Plus
dociles à tes desseins,

Est-ce
à dire que Lui, ton espoir, ta chimère,
Parce
qu'il fut rêvé, puisse un jour exister ?
Tu
crois avoir conçu, tu voudrais être mère ;
A
l'œuvre ! il s'agit d'enfanter.

Change
en réalité ton attente sublime.
Mais
quoi ! pour les franchir, malgré tous tes élans,
La
distance est trop grande et trop profond l'abîme
Entre
ta pensée et tes flancs.

La
mort est le seul fruit qu'en tes crises futures
Il
te sera donné d'atteindre et de cueillir ;
Toujours
nouveaux débris, toujours des créatures
Que
tu devras ensevelir.

Car
sur ta route en vain l'âge à l'âge succède ;
Les
tombes, les berceaux ont beau s'accumuler,
L
'Idéal qui te fuit, l'Ideal qui t'obsède,
A
l'infini pour reculer.

L
'objet de ta poursuite éternelle et sans trêve
Demeure
un but trompeur à ton vol impuissant
Et
, sous le nimbe ardent du désir et du rêve,
N
'est qu'un fantôme éblouissant.

Il
resplendit de loin, mais reste inaccessible.
Prodigue
de travaux, de luttes, de trépas,
Ta
main me sacrifie à ce fils impossible ;
Je
meurs, et Lui ne naîtra pas.

Pourtant
je suis ton fils aussi ; réel, vivace,
Je
sortis de tes bras des les siècles lointains ;
Je
porte dans mon cœur, je porte sur ma face,
Le
signe empreint des hauts destins.

Un
avenir sans fin s'ouvrait ; dans la carrière
Le
Progrès sur ses pas me pressait d'avancer ;
Tu
n'aurais même encor qu'à lever la barrière :
Je
suis là, prêt à m'élancer.

Je
serais ton sillon ou ton foyer intense ;
Tu
peux selon ton gré m'ouvrir ou m'allumer.
Une
unique étincelle, ô mère ! une semence !
Tout
s'enflamme ou tout va germer.

Ne
suis-je point encor seul à te trouver belle ?
J
'ai compté tes trésors, j'atteste ton pouvoir,
Et
mon intelligence, ô Nature éternelle !
T
'a tendu ton premier miroir.

En
retour je n'obtiens que dédain et qu'offense.
Oui
, toujours au péril et dans les vains combats !
Éperdu
sur ton sein, sans recours ni défense,
Je
m'exaspère et me débats.

Ah !
si du moins ma force eût égalé ma rage,
Je
l'aurais déchiré ce sein dur et muet :
Se
rendant aux assauts de mon ardeur sauvage,
Il
m'aurait livré son secret.

C
'en est fait, je succombe, et quand tu dis : « J'aspire ! »
Je
te réponds : « Je souffre ! » infirme, ensanglanté ;
Et
par tout ce qui naît , par tout ce qui respire,
Ce
cri terrible est répété.

Oui
, je souffre ! et c'est toi, mère, qui m'extermines,
Tantôt
frappant mes flancs, tantôt blessant mon cœur ;
Mon
être tout entier, par toutes ses racines,
Plonge
sans fond dans la douleur.

J
'offre sous le soleil un lugubre spectacle.
Ne
naissant, ne vivant que pour agoniser.
L
'abîme s'ouvre ici, là se dresse l'obstacle :
Ou
m'engloutir, ou me briser !

Mais
, jusque sous le coup du désastre suprême,
Moi
, l'homme, je t'accuse à la face des cieux.
Créatrice
, en plein front reçois donc l'anathème
De
cet atome audacieux.

Sois
maudite, ô marâtre ! en tes œuvres immenses,
Oui
, maudite à ta source et dans tes éléments,
Pour
tous tes abandons, tes oublis, tes démences,
Aussi
pour tes avortements !

Que
la Force en ton sein s'épuise perte à perte !
Que
la Matière, à bout de nerf et de ressort,
Reste
sans mouvement, et se refuse, inerte,
A
te suivre dans ton essor !

Qu
'envahissant les cieux, I'Immobilité morne
Sous
un voile funèbre éteigne tout flambeau,
Puisque
d'un univers magnifique et sans borne
Tu
n'as su faire qu'un tombeau !
L’Homme à la Nature
Poèmes de Louise Ackermann

Citations de Louise Ackermann
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Tandis que je parlais le langage des vers
Elle
s'est doucement tendrement endormie
Comme
une maison d'ombre au creux de notre vie
Une
lampe baissée au coeur des myrtes verts

Sa
joue a retrouvé le printemps du repos
O
corps sans poids pose dans un songe de toile
Ciel
formé de ses yeux à l'heure des étoiles
Un
jeune sang l'habite au couvert de sa peau

La
voila qui reprend le versant de ses fables
Dieu
sait obéissant à quels lointains signaux
Et
c'est toujours le bal la neige les traîneaux
Elle
a rejoint la nuit dans ses bras adorables

Je
vois sa main bouger Sa bouche Et je me dis
Qu'elle
reste pareille aux marches du silence
Qui
m'échappe pourtant de toute son enfance
Dans
ce pays secret à mes pas interdit

Je
te supplie amour au nom de nous ensemble
De
ma suppliciante et folle jalousie
Ne
t'en va pas trop loin sur la pente choisie
Je
suis auprès de toi comme un saule qui tremble

J'ai
peur éperdument du sommeil de tes yeux
Je
me ronge le coeur de ce coeur que j'écoute
Amour
arrête-toi dans ton rêve et ta route
Rends-moi
ta conscience et mon mal merveilleux


Elsa
Poèmes de Louis Aragon

Citations de Louis Aragon
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