Poème j+39+aurais - 2 Poèmes sur j+39+aurais


2 poèmes


Phonétique (Cliquez pour la liste complète) : j jais jas jasé je jet jeté jeu joie joies joua jouai jouais jouait jouas jouât joue joué jouée jouées joues joués jouet joui jouis jouit jouît joujou jouté ...


C'était au beau milieu de notre tragédie
Et
pendant un long jour assise à son miroir
Elle
peignait ses cheveux d'or Je croyais voir
Ses
patientes mains calmer un incendie
C'était
au beau milieu de notre tragédie

Et
pendant un long jour assise à son miroir
Elle
peignait ses cheveux d'or et j'aurais dit
C'était
au beau milieu de notre tragédie
Qu'elle
jouait un air de harpe sans y croire
Pendant
tout ce long jour assise à son miroir

Elle
peignait ses cheveux d'or et j'aurais dit
Qu'elle
martyrisait à plaisir sa mémoire
Pendant
tout ce long jour assise à son miroir
À
ranimer les fleurs sans fin de l'incendie
Sans
dire ce qu'une autre à sa place aurait dit

Elle
martyrisait à plaisir sa mémoire
C'était
au beau milieu de notre tragédie
Le
monde ressemblait à ce miroir maudit
Le
peigne partageait les feux de cette moire
Et
ces feux éclairaient des coins de ma mémoire

C'était
un beau milieu de notre tragédie
Comme
dans la semaine est assis le jeudi

Et
pendant un long jour assise à sa mémoire
Elle
voyait au loin mourir dans son miroir

Un
à un les acteurs de notre tragédie
Et
qui sont les meilleurs de ce monde maudit

Et
vous savez leurs noms sans que je les aie dits
Et
ce que signifient les flammes des longs soirs

Et
ses cheveux dorés quand elle vient s'asseoir
Et
peigner sans rien dire un reflet d'incendie


Elsa au miroir
Poèmes de Louis Aragon

Citations de Louis Aragon
Plus sur ce poème | Commenter le poème | Imprimer le poème
| Envoyer à un ami | Voter pour ce poème | 1296 votes


Quand l'Enfer eut produit la goutte et l'araignée,
" Mes
filles, leur dit-il, vous pouvez vous vanter
D
'être pour l'humaine lignée
Également
à redouter.
Or
avisons aux lieux qu'il vous faut habiter.
Voyez-vous
ces cases étrètes,
Et
ces palais si grands, si beaux, si bien dorés :
Je
me suis proposé d'en faire vos retraites.
Tenez
donc, voici deux bûchettes ;
Accommodez-vous
, ou tirez.
- Il
n'est rien, dit l'aragne, aux cases qui me plaise. "
L
'autre, tout au rebours, voyant les palais pleins
De
ces gens nommés médecins,
Ne
crut pas y pouvoir demeurer à son aise.
Elle
prend l'autre lot, y plante le piquet,
S
'étend à son plaisir sur l'orteil d'un pauvre homme,
Disant :
" Je ne crois pas qu'en ce poste je chôme,
Ni
que d'en déloger et faire mon paquet
Jamais
Hippocrate me somme. "
L
'aragne cependant se campe en un lambris,
Comme
si de ces lieux elle eût fait bail à vie,
Travaille
à demeurer : voilà sa toile ourdie,
Voilà
des moucherons de pris.
Une
servante vient balayer tout l'ouvrage.
Autre
toile tissue, autre coup de balai.
Le
pauvre bestion tous les jours déménage.
Enfin
, après un vain essai,
Il
va trouver la goutte. Elle était en campagne,
Plus
malheureuse mille fois
Que
la plus malheureuse aragne.
Son
hôte la menait tantôt fendre du bois,
Tantôt
fouir, houer : goutte bien tracassée
Est
, dit-on, à demi pansée.
" Oh !
je ne saurais plus, dit-elle, y résister.
Changeons
, ma sœur l'aragne. " Et l'autre d'écouter :
Elle
la prend au mot, se glisse en la cabane :
Point
de coup de balai qui l'oblige à changer.
La
goutte, d'autre part, va tout droit se loger
Chez
un prélat, qu'elle condamne
A
jamais du lit ne bouger.
Cataplasmes
, Dieu sait ! Les gens n'ont point de honte
De
faire aller le mal toujours de pis en pis.
L
'une et l'autre trouva de la sorte son compte,
Et
fit très sagement de changer de logis
La Goutte et l'Araignée
Poèmes de Jean de La Fontaine

Citations de Jean de La Fontaine
Plus sur ce poème | Commenter le poème | Imprimer le poème
| Envoyer à un ami | Voter pour ce poème | 942 votes