Poème nait - 70 Poèmes sur nait


70 poèmes


Phonétique (Cliquez pour la liste complète) : âne ânes ânon ânons énonça énonçai énonçais énonçait énonças énonçât énoua énouai énouaient énouais énouait énouant énouas énouât énoue énoué énouée énouées énouent énoues énoués énouions énouons hyène hyènes ...


Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce
beau matin d'été si doux :
Au
détour d'un sentier une charogne infâme
Sur
un lit semé de cailloux,

Les
jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante
et suant les poisons,
Ouvrait
d'une façon nonchalante et cynique
Son
ventre plein d'exhalaisons.

Le
soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme
afin de la cuire à point,
Et
de rendre au centuple à la grande nature
Tout
ce qu'ensemble elle avait joint ;

Et
le ciel regardait la carcasse superbe
Comme
une fleur s'épanouir.
La
puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous
crûtes vous évanouir.

Les
mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D
'où sortaient de noirs bataillons
De
larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le
long de ces vivants haillons.

Tout
cela descendait, montait comme une vague,
Ou
s'élançait en pétillant ;
On
eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait
en se multipliant.

Et
ce monde rendait une étrange musique,
Comme
l'eau courante et le vent,
Ou
le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite
et tourne dans son van.

Les
formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une
ébauche lente à venir,
Sur
la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement
par le souvenir.

Derrière
les rochers une chienne inquiète
Nous
regardait d'un œil fâché,
Épiant
le moment de reprendre au squelette
Le
morceau qu'elle avait lâché.

-
Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
À
cette horrible infection,
Étoile
de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous
, mon ange et ma passion !

Oui
! Telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après
les derniers sacrements
Quand
vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir
parmi les ossements.

Alors
, ô ma beauté ! Dites à la vermine
Qui
vous mangera de baisers,
Que
j'ai gardé la forme et l'essence divine
De
mes amours décomposés !
Une charogne
Poèmes de Charles Baudelaire

Citations de Charles Baudelaire
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Tu mettrais l'univers entier dans ta ruelle,
Femme
impure ! L'ennui rend ton âme cruelle.
Pour
exercer tes dents à ce jeu singulier,
Il
te faut chaque jour un cœur au râtelier.
Tes
yeux, illuminés ainsi que des boutiques
Et
des ifs flamboyants dans les fêtes publiques,
Usent
insolemment d'un pouvoir emprunté,
Sans
connaître jamais la loi de leur beauté.

Machine
aveugle et sourde, en cruautés féconde !
Salutaire
instrument, buveur du sang du monde,
Comment
n'as-tu pas honte et comment n'as-tu pas
Devant
tous les miroirs vu pâlir tes appas ?
La
grandeur de ce mal où tu te crois savante
Ne
t'a donc jamais fait reculer d'épouvante,
Quand
la nature, grande en ses desseins cachés,
De
toi se sert, ô femme, ô reine des péchés,
-
De toi, vil animal, - pour pétrir un génie ?

Ô
fangeuse grandeur ! Sublime ignominie !
La grandeur de ce mal où tu te crois savante
Poèmes de Charles Baudelaire

Citations de Charles Baudelaire
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