Poème tifs - 6 Poèmes sur tifs


6 poèmes


Phonétique (Cliquez pour la liste complète) : éteuf éteufs étoffa étoffai étoffais étoffait étoffas étoffât étoffe étoffé étoffée étoffées étoffes étoffés étouffa étouffai étouffais étouffait étouffas étouffât étouffe étouffé étouffée étouffées étouffes étouffés hâtif hâtifs tafia ...


Lorsque, par un décret des puissances suprêmes,
Le poète apparaît dans ce monde ennuyé,
Sa mère épouvantée et pleine de blasphèmes
Crispe ses poings vers Dieu, qui la prend en pitié :

- Ah ! Que n'ai-je mis bas tout un nœud de vipères,
Plutôt que de nourrir cette dérision !
Maudite soit la nuit aux plaisirs éphémères
Où mon ventre a conçu mon expiation !

Puisque tu m'as choisie entre toutes les femmes
Pour être le dégoût de mon triste mari,
Et que je ne puis pas rejeter dans les flammes,
Comme un billet d'amour, ce monstre rabougri,

Je ferai rejaillir la haine qui m'accable
Sur l'instrument maudit de tes méchancetés,
Et je tordrai si bien cet arbre misérable,
Qu'il ne pourra pousser ses boutons empestés !

Elle ravale ainsi l'écume de sa haine,
Et, ne comprenant pas les desseins éternels,
Elle-même prépare au fond de la Géhenne
Les bûchers consacrés aux crimes maternels.

Pourtant, sous la tutelle invisible d'un ange,
L'enfant déshérité s'enivre de soleil,
Et dans tout ce qu'il boit et dans tout ce qu'il mange
Retrouve l'ambroisie et le nectar vermeil.

Il joue avec le vent, cause avec le nuage,
Et s'enivre en chantant du chemin de la croix ;
Et l'esprit qui le suit dans son pèlerinage
Pleure de le voir gai comme un oiseau des bois.

Tous ceux qu'il veut aimer l'observent avec crainte,
Ou bien, s'enhardissant de sa tranquillité,
Cherchent à qui saura lui tirer une plainte,
Et font sur lui l'essai de leur férocité.

Dans le pain et le vin destinés à sa bouche
Ils mêlent de la cendre avec d'impurs crachats ;
Avec hypocrisie ils jettent ce qu'il touche,
Et s'accusent d'avoir mis leurs pieds dans ses pas.

Sa femme va criant sur les places publiques :
Puisqu'il me trouve assez belle pour m'adorer,
Je ferai le métier des idoles antiques,
Et comme elles je veux me faire redorer ;

Et je me soûlerai de nard, d'encens, de myrrhe,
De génuflexions, de viandes et de vins,
Pour savoir si je puis dans un cœur qui m'admire
Usurper en riant les hommages divins !

Et, quand je m'ennuierai de ces farces impies,
Je poserai sur lui ma frêle et forte main ;
Et mes ongles, pareils aux ongles des harpies,
Sauront jusqu'à son cœur se frayer un chemin.

Comme un tout jeune oiseau qui tremble et qui palpite,
J'arracherai ce cœur tout rouge de son sein,
Et, pour rassasier ma bête favorite,
Je le lui jetterai par terre avec dédain !

Vers le ciel, où son œil voit un trône splendide,
Le poète serein lève ses bras pieux,
Et les vastes éclairs de son esprit lucide
Lui dérobent l'aspect des peuples furieux :

- Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la souffrance
Comme un divin remède à nos impuretés
Et comme la meilleure et la plus pure essence
Qui prépare les forts aux saintes voluptés !

Je sais que vous gardez une place au poète
Dans les rangs bienheureux des saintes légions,
Et que vous l'invitez à l'éternelle fête
Des trônes, des vertus, des dominations.

Je sais que la douleur est la noblesse unique
Où ne mordront jamais la terre et les enfers,
Et qu'il faut pour tresser ma couronne mystique
Imposer tous les temps et tous les univers.

Mais les bijoux perdus de l'antique Palmyre,
Les métaux inconnus, les perles de la mer,
Par votre main montés, ne pourraient pas suffire
À ce beau diadème éblouissant et clair ;

Car il ne sera fait que de pure lumière,
Puisée au foyer saint des rayons primitifs,
Et dont les yeux mortels, dans leur splendeur entière,
Ne sont que des miroirs obscurcis et plaintifs !
Bénédiction
Poèmes de Charles Baudelaire

Citations de Charles Baudelaire
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Ce n'est peut-étre pas le tribut que réclame
Un
coeur profond et délicat,
Cet
amour allongé qui vient comme une lame
Frapper
la rive avec fracas.

Ne
pouvant pas comprendre et juger ce qu'on aime,
On
ne fait que doubler son coeur;
On
est comme on voudrait que l'on fût pour soi-même;
Mais
l'abondance a ses erreurs !

-
Ne livrons pas à ceux qu'un faible élan contente
L
'univers que nous possédons;
Transmettre
, en exultant, l'espace qui nous hante
Est
un fardeau autant qu'un don.

La
passion contient l'amour avec la hargne,
Et
son orage est maladroit
Peut-être
faudrait-il que parfois l'on épargne
Les
coeurs étonnés d'être étroits !

Déguisons
la fierté de nous sentir prodigues;
-
Que pèse notre orgueil du feu
Devant
la pauvreté de notre être qui brigue
La
faveur d'obtenir un peu !

Devenons
attentifs à ces âmes choisies
Que
l'on goûte à travers leurs corps
Contraignons
, en souffrant, l'altière fantaisie,
-
Aimer moins est si fort encor !

Il
n'est pas, pour nouer une divine attache,
Que
ces excès mal assainis.
-
Mais vraiment, se peut-il qu'auparavant l'on sache
Que
l'on blesse par l'infini ?
Poème de l'amour
Poèmes de Anna de Brancovan, comtesse de Noailles

Citations de Anna de Brancovan, comtesse de Noailles
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