Poème dis+je+c+est - 94 Poèmes sur dis+je+c+est
94 poèmes
Phonétique (Cliquez pour la liste complète) : d dada dadais dadas dais daté de dé deçà déçois déçoit déçu déçue déçues déçus déçut déçût dédia dédiai dédiais dédiait dédias dédiât dédie dédié dédiée dédiées dédies dédiés ...
Plus sur ce poème | Commenter le poème | Imprimer le poèmeJe ne vous offre plus pour toutes mélodies
Que des cris de révolte et des rimes hardies.
Oui ! Mais en m'écoutant si vous alliez pâlir ?
Si, surpris des éclats de ma verve imprudente,
Vous maudissez la voix énergique et stridente
Qui vous aura fait tressaillir ?
Pourtant, quand je m'élève à des notes pareilles,
Je ne prétends blesser les cœurs ni les oreilles.
Même les plus craintifs n'ont point à s'alarmer ;
L'accent désespéré sans doute ici domine,
Mais je n'ai pas tiré ces sons de ma poitrine
Pour le plaisir de blasphémer.
Comment ? la Liberté déchaîne ses colères ;
Partout, contre l'effort des erreurs séculaires ;
La Vérité combat pour s'ouvrir un chemin ;
Et je ne prendrais pas parti de ce grand drame ?
Quoi ! ce cœur qui bat là, pour être un cœur de femme,
En est-il moins un cœur humain ?
Est-ce ma faute à moi si dans ces jours de fièvre
D'ardentes questions se pressent sur ma lèvre ?
Si votre Dieu surtout m'inspire des soupçons ?
Si la Nature aussi prend des teintes funèbres,
Et si j'ai de mon temps, le long de mes vertèbres,
Senti courir tous les frissons ?
Jouet depuis longtemps des vents et de la houle,
Mon bâtiment fait eau de toutes parts ; il coule.
La foudre seule encore à ses signaux répond.
Le voyant en péril et loin de toute escale,
Au lieu de m'enfermer tremblante à fond de cale,
J'ai voulu monter sur le pont.
À l'écart, mais debout, là, dans leur lit immense
J'ai contemplé le jeu des vagues en démence.
Puis, prévoyant bientôt le naufrage et la mort,
Au risque d'encourir l'anathème ou le blâme,
À deux mains j'ai saisi ce livre de mon âme,
Et j'ai lancé par-dessus bord.
C'est mon trésor unique, amassé page à page.
À le laisser au fond d'une mer sans rivage
Disparaître avec moi je n'ai pu consentir.
En dépit du courant qui l'emporte ou l'entrave,
Qu'il se soutienne donc et surnage en épave
Sur ces flots qui vont m'engloutir !
Paris
, 7 janvier 1874.
Mon Livre
Poèmes de Louise Ackermann
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Plus sur ce poème | Commenter le poème | Imprimer le poèmeLevez les yeux ! C'est moi qui passe sur vos têtes,
Diaphane et léger, libre dans le ciel pur ;
L'aile ouverte, attendant le souffle des tempêtes,
Je plonge et nage en plein azur.
Comme un mirage errant, je flotte et je voyage.
Coloré par l'aurore et le soir tour à tour,
Miroir aérien, je reflète au passage
Les sourires changeants du jour.
Le soleil me rencontre au bout de sa carrière
Couché sur l'horizon dont j'enflamme le bord ;
Dans mes flancs transparents le roi de la lumière
Lance en fuyant ses flèches d'or.
Quand la lune, écartant son cortège d'étoiles,
Jette un regard pensif sur le monde endormi,
Devant son front glacé je fais courir mes voiles,
Ou je les soulève à demi.
On croirait voir au loin une flotte qui sombre,
Quand, d'un bond furieux fendant l'air ébranlé,
L'ouragan sur ma proue inaccessible et sombre
S'assied comme un pilote ailé.
Dans les champs de l'éther je livre des batailles ;
La ruine et la mort ne sont pour moi qu'un jeu.
Je me charge de grêle, et porte en mes entrailles
La foudre et ses hydres de feu.
Sur le sol altéré je m'épanche en ondées.
La terre rit ; je tiens sa vie entre mes mains.
C'est moi qui gonfle, au sein des terres fécondées,
L'épi qui nourrit les humains.
Où j'ai passé, soudain tout verdit, tout pullule ;
Le sillon que j'enivre enfante avec ardeur.
Je suis onde et je cours, je suis sève et circule,
Caché dans la source ou la fleur.
Un fleuve me recueille, il m'emporte, et je coule
Comme une veine au cœur des continents profonds.
Sur les longs pays plats ma nappe se déroule,
Ou s'engouffre à travers les monts.
Rien ne m'arrête plus ; dans mon élan rapide
J'obéis au courant, par le désir poussé,
Et je vole à mon but comme un grand trait liquide
Qu'un bras invisible a lancé.
Océan, ô mon père ! Ouvre ton sein, j'arrive !
Tes flots tumultueux m'ont déjà répondu ;
Ils accourent ; mon onde a reculé, craintive,
Devant leur accueil éperdu.
En ton lit mugissant ton amour nous rassemble.
Autour des noirs écueils ou sur le sable fin
Nous allons, confondus, recommencer ensemble
Nos fureurs et nos jeux sans fin.
Mais le soleil, baissant vers toi son œil splendide,
M'a découvert bientôt dans tes gouffres amers.
Son rayon tout puissant baise mon front limpide :
J'ai repris le chemin des airs !
Ainsi, jamais d'arrêt. L'immortelle matière
Un seul instant encor n'a pu se reposer.
La Nature ne fait, patiente ouvrière,
Que dissoudre et recomposer.
Tout se métamorphose entre ses mains actives ;
Partout le mouvement incessant et divers,
Dans le cercle éternel des formes fugitives,
Agitant l'immense univers.
Le nuage
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