Poème jar - 21 Poèmes sur jar
21 poèmes
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Plus sur ce poème | Commenter le poème | Imprimer le poèmeNous voilà donc encore une fois en présence,
Lui le tyran divin, moi le vieux révolté.
Or je suis la Justice, il n'est que la Puissance ;
A qui va, de nous deux, rester l'Humanité ?
Ah ! tu comptais sans moi, Divinité funeste,
Lorsque tu façonnais le premier couple humain,
Et que dans ton Éden, sous ton regard céleste,
Tu l'enfermas jadis au sortir de ta main.
Je n'eus qu'à le voir là, languissant et stupide,
Comme un simple animal errer et végéter,
Pour concevoir soudain dans mon âme intrépide
L'audacieux dessein de te le disputer.
Quoi ! je l'aurais laissée, au sein de la nature,
Sans espoir à jamais s'engourdir en ce lieu ?
Je l'aimais trop déjà, la faible créature,
Et je ne pouvais pas l'abandonner à Dieu.
Contre ta volonté, c'est moi qui l'ai fait naître,
Le désir de savoir en cet être ébauché ;
Puisque pour s'achever, pour penser, pour connaître,
Il fallait qu'il péchât, eh bien ! il a péché.
Il le prit de ma main, ce fruit de délivrance,
Qu'il n'eût osé tout seul ni cueillir ni goûter :
Sortir du fond obscur d'une éroite ignorance,
Ce n'était point déchoir, non, non ! c'était monter.
Le premier pas est fait, l'ascension commence ;
Ton Paradis, tu peux le fermer à ton gré ;
Quand tu l'eusses rouvert en un jour de clémence,
Le noble fugitif n'y fût jamais rentré.
Ah ! plutôt le désert, plutôt la roche humide,
Que ce jardin de fleurs et d'azur couronné !
C'en est fait pour toujours du pauvre Adam timide ;
Voici qu'un nouvel être a surgi : l'Homme est né !
L'Homme, mon œuvre, à moi, car j'y mis tout moi-même :
Il ne saurait tromper mes vœux ni mon dessein.
Défiant ton courroux, par un effort suprême
J'éveillai la raison qui dormait en son sein.
Cet éclair faible encor, cette lueur première
Que deviendra le jour, c'est de moi qu'il ta tient.
Nous avons tous les deux créé notre lumière,
Oui, mais mon Fiat lux l'emporte sur le tien !
Il a du premier coup levé bien d'autres voiles
Que ceux du vieux chaos où se jouait ta main.
Toi, tu n'as que ton ciel pour semer tes étoiles ;
Pour lancer mon soleil, moi, j'ai l'esprit humain !
Satan
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Plus sur ce poème | Commenter le poème | Imprimer le poèmeMa jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage,
Traversé çà et là par de brillants soleils ;
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.
Voilà que j'ai touché l'automne des idées,
Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux
Pour rassembler à neuf les terres inondées,
Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux.
Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
Trouveront dans ce sol lavé comme une grève
Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ?
- Ô douleur ! Ô douleur ! Le temps mange la vie,
Et l'obscur ennemi qui nous ronge le cœur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie !
L'ennemi
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