Poème ors - 110 Poèmes sur ors


110 poèmes


Phonétique : or orée orées ores ors ouïr ouïra ouïrai ouïrais ouïrait ouïras ours


Dans le lit plein ton corps se simplifie
Sexe
liquide univers de liqueur
Liant
des flots qui sont autant de corps
Entiers
complets de la nuque aux talons
Grappe
sans peau grappe-mère en travail
Grappe
servile et luisante de sang
Entre
les seins les cuisses et les fesses
Régentant
l'ombre et creusant la chaleur
Lèvre
étendue à l'horizon du lit
Sans
une éponge pour happer la nuit
Et
sans sommeil pour imiter la mort.

Frapper
la femme monstre de sagesse
Captiver
l'homme à force de patience
Doucer
la femme pour éteindre l'homme
Tout
contrefaire afin de tout réduire
Autant
rêver d'être seul et aveugle.

Je
n'ai de cœur qu'en mon front douloureux.

L
'après-midi nous attendions l'orage
Il
éclatait lorsque la nuit tombait
Et
les abeilles saccageaient la ruche
Puis
de nos mains tremblantes maladroites
Nous
allumions par habitude un feu
La
nuit tournait autour de sa prunelle
Et
nous disions je t'aime pour y voir.

Le
temps comblé la langue au tiers parfum
Se
retenait au bord de chaque bouche
Comme
un mourant au bord de son salut
Jouer
jouir n'était plus enlacés
Du
sol montait un corps bien terre à terre
L
'ordre gagnait et le désir pesait
Branche
maîtresse n'aimait plus le vent

Par
la faute d'un corps sourd
Par
la faute d'un corps mort
D
'un corps injuste et dément.

Puisqu'il le faut
Poèmes de Eugène Emile Paul Grindel, dit Paul Eluard

Citations de Eugène Emile Paul Grindel, dit Paul Eluard
Plus sur ce poème | Commenter le poème | Imprimer le poème
| Envoyer à un ami | Voter pour ce poème | 1044 votes


J'ai cru pouvoir briser la profondeur de l'immensité
Par
mon chagrin tout nu sans contact sans écho
Je
me suis étendu dans ma prison aux portes vierges
Comme
un mort raisonnable qui a su mourir
Un
mort non couronné sinon de son néant
Je
me suis étendu sur les vagues absurdes
Du
poison absorbé par amour de la cendre
La
solitude m'a semblé plus vive que le sang

Je
voulais désunir la vie
Je
voulais partager la mort avec la mort
Rendre
mon cour au vide et le vide à la vie
Tout
effacer qu'il n'y ait rien ni vitre ni buée
Ni
rien devant ni rien derrière rien entier
J
'avais éliminé le glaçon des mains jointes
J
'avais éliminé l'hivernale ossature
Du
vou qui s'annule

Tu
es venue le feu s'est alors ranimé
L
'ombre a cédé le froid d'en bas s'est étoilé
Et
la terre s'est recouverte
De
ta chair claire et je me suis senti léger
Tu
es venue la solitude était vaincue
J
'avais un guide sur la terre je savais
Me
diriger je me savais démesuré
J
'avançais je gagnais de l'espace et du temps

J
'allais vers toi j'allais sans fin vers la lumière
La
vie avait un corps l'espoir tendait sa voile
Le
sommeil ruisselait de rêves et la nuit
Promettait
à l'aurore des regards confiants
Les
rayons de tes bras entrouvraient le brouillard
Ta
bouche était mouillée des premières rosées
Le
repos ébloui remplaçait la fatigue
Et
j'adorais l'amour comme à mes premiers jours.

Les
champs sont labourés les usines rayonnent
Et
le blé fait son nid dans une houle énorme
La
moisson la vendange ont des témoins sans nombre
Rien
n'est simple ni singulier
La
mer est dans les yeux du ciel ou de la nuit
La
forêt donne aux arbres la sécurité
Et
les murs des maisons ont une peau commune
Et
les routes toujours se croisent.

Les
hommes sont faits pour s'entendre
Pour
se comprendre pour s'aimer
Ont
des enfants qui deviendront pères des hommes
Ont
des enfants sans feu ni lieu
Qui
réinventeront les hommes
Et
la nature et leur patrie
Celle
de tous les hommes
Celle
de tous les temps.

La mort, l'amour la vie
Poèmes de Eugène Emile Paul Grindel, dit Paul Eluard

Citations de Eugène Emile Paul Grindel, dit Paul Eluard
Plus sur ce poème | Commenter le poème | Imprimer le poème
| Envoyer à un ami | Voter pour ce poème | 1105 votes