Poème git - 43 Poèmes sur git


43 poèmes


Phonétique : âge âgé âgée âgées âges âgés gâté geai geais gis gît gîté


L'aigle donnait la chasse à maître Jean Lapin,
Qui
droit à son terrier s'enfuyait au plus vite.
Le
trou de l'escarbot se rencontre en chemin.
Je
laisse à penser si ce gîte
Était
sûr ; mais où mieux ? Jean Lapin s'y blottit.
L
'aigle fondant sur lui nonobstant cet asile,
L
'escarbot intercède, et dit :
" Princesse
des oiseaux, il vous est fort facile
D
'enlever malgré moi ce pauvre malheureux ;
Mais
ne me faites pas cet affront, je vous prie ;
Et
puisque Jean Lapin vous demande la vie,
Donnez-la-lui
, de grâce, ou l'ôtez à tous deux :
C
'est mon voisin, c'est mon compère. "
L
'oiseau de Jupiter, sans répondre un seul mot,
Choque
de l'aile l'escarbot,
L
'étourdit, l'oblige à se taire,
Enlève
Jean Lapin. L'escarbot indigné
Vole
au nid de l'oiseau, fracasse, en son absence,
Ses
œufs, ses tendres œufs, sa plus douce espérance :
Pas
un seul ne fut épargné.
L
'aigle étant de retour, et voyant ce ménage,
Remplit
le ciel de cris : et pour comble de rage,
Ne
sait sur qui venger le tort qu'elle a souffert.
Elle
gémit en vain : sa plainte au vent se perd.
Il
fallut pour cet an vivre en mère affligée.
L
'an suivant, elle mit son nid en lieu plus haut.
L
'escarbot prend son temps, fait faire aux œufs le saut :
La
mort de Jean Lapin derechef est vengée.
Ce
second deuil fut tel, que l'écho de ces bois
N
'en dormit de plus de six mois.
L
'oiseau qui porte Ganymède
Du
monarque des dieux enfin implore l'aide,
Dépose
en son giron ses œufs, et croit qu'en paix
Ils
seront dans ce lieu ; que pour ses intérêts,
Jupiter
se verra contraint de les défendre :
Hardi
qui les iraitprendre.
Aussi
ne les y prit-on pas.
Leur
ennemi changea de note,
Sur
la robe du dieu fit tomber une crotte ;
Le
dieu la secouant jeta les œufs à bas.
Quand
l'aigle sut l'inadvertance,
Elle
menaça Jupiter
D
'abandonner sa cour, d'aller vivre au désert,
De
quitter toute dépendance,
Avec
mainte autre extravagance.
Le
pauvre Jupiter se tut :
Devant
son tribunal l'escarbot comparut,
Fit
sa plainte, et conta l'affaire.
On
fit entendre à l'aigle enfin qu'elle avait tort.
Mais
, les deux ennemis ne voulant point d'accord,
Le
monarque des dieux s'avisa, pour bien faire,
De
transporter le temps où l'aigle fait l'amour
En
une autre saison, quand la race escarbote
Est
en quartier d'hiver, et, comme la marmotte,
Se
cache et ne voit point le jour.

L'Aigle et l'Escarbot
Poèmes de Jean de La Fontaine

Citations de Jean de La Fontaine
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POUR M. LE DUC DE LA ROCHEFOUCAULD

Un
homme qui s'aimait sans avoir de rivaux
Passait dans son esprit pour le plus beau du monde :
Il accusait toujours les miroirs d'être faux,
Vivant plus que content dans une erreur profonde.
Afin de le guérir, le sort officieux
Présentait partout à ses yeux
Les conseillers muets dont se servent nos dames :
Miroirs dans les logis, miroirs chez les marchands,
Miroirs aux poches des galands,
Miroirs aux ceintures des femmes.
Que fait notre Narcisse ? Il se va confiner
Aux lieux les plus cachés qu'il peut s'imaginer,
N'osant plus des miroirs éprouver l'aventure.
Mais un canal, formé par une source pure,
Se trouve en ces lieux écartés :
Il s'y voit, il se fâche ; et ses yeux irrités
Pensent apercevoir une chimère vaine.
Il fait tout ce qu'il peut pour éviter cette eau ;
Mais quoi ? le canal est si beau
Qu'il ne le quitte qu'avec peine.

On
voit bien où je veux venir.
Je parle à tous ; et cette erreur extrême
Est un mal que chacun se plaît d'entretenir.
Notre âme, c'est cet homme amoureux de lui-même ;

Tant
de miroirs, ce sont les sottises d'autrui,
Miroirs, de nos défauts les peintres légitimes ;
Et quant au canal, c'est celui
Que chacun sait, le livre des Maximes.
L' homme et son image
Poèmes de Jean de La Fontaine

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