Poème bru - 84 Poèmes sur bru


84 poèmes


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Pendant longtemps, je fus clouée au pilori,
Et des femmes, voyant que je souffrais, ont ri.

Puis, des hommes ont pris dans leurs mains une boue
Qui vint éclabousser mes tempes et ma joue.

Les pleurs montaient en moi, houleux comme des flots,
Mais mon orgueil me fit refouler mes sanglots.

Je les voyais ainsi, comme à travers un songe
Affreux et dont l’horreur s’irrite et se prolonge.

La place était publique et tous étaient venus,
Et les femmes jetaient des rires ingénus.

Ils se lançaient des fruits avec des chansons folles,
Et le vent m’apportait le bruit de leurs paroles.

J’ai senti la colère et l’horreur m’envahir.
Silencieusement, j’ai appris à les haïr.

Les insultes cinglaient, comme des fouets d’ortie.
Lorsqu’ils m’ont détachée enfin, je suis partie.

Je suis partie au gré du vent. Et depuis lors
Mon visage est pareil à la face des morts.
Le Pilori
Poèmes de Renée Vivien

Citations de Renée Vivien
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Très chère, sois plus femme encore, si tu veux
Me
plaire davantage et sois faible et sois tendre,
Mêle
avec art les fleurs qui parent tes cheveux,
Et
sache t’incliner au balcon pour attendre.

Ce
qu’il est de plus grave en un monde futile,
C’est
d’être belle et c’est de plaire aux yeux surpris,
D’être
la cime pure, et l’oasis, et l’île,
Et
la vague musique au langage incompris.

Qu’un
changeant univers se transforme en ta face,
Que
ta robe s’allie à la couleur du jour,
Et
choisis tes parfums avec un art sagace,
Puisqu’un
léger parfum sait attirer l’amour.
Immobile
au milieu des jours, sois attentive
Comme
si tu suivais les méandres d’un chant,
Allonge
ta paresse à l’ombre d’une rive,
Etre
sous les cyprès à l’ombre du couchant.

Sois
lointaine, sois la Présence des ruines
Dans
les palais détruitsfrisonne l’hiver,
Dans
les temples croulants aux ombres sibyllines,
Et
souffre de la mort du soleil sur la mer.

Comme
une dont on hait la race et qu’on exile,
Sois
faible et parle bas, et marche avec lenteur.
Expire
chaque soir avec le jour fébrile,
Agonise
d’un bruit et meurs d’une senteur.

Étant
ainsi ce que mon rêve t’aurait faite,
Reçois
de mon amour un hommage fervent,
O
toi qui sais combien le ciel est décevant
Aux
curiosités fébriles du poète !

Et
je retrouverai dans ton unique voix,
Dans
le rayonnement de ton visage unique,
Toute
l’ancienne pompe et l’ancienne musique
Et
le tragique amour des reines d’autrefois.

Tes
beaux cheveux seront mon royal diadème,
Mes
sirènes d’hier chanteront dans ta voix.
Tu
seras tout ce que j’adorais autrefois,
Toi
seule incarneras l’amour divers que j’aime.
Sois Femme
Poèmes de Renée Vivien

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