Poème bouc - 51 Poèmes sur bouc


51 poèmes


Phonétique : bac bacs Beauce bec becs becté bic bics bouc boucs


Que j'aime voir, chère indolente,
De
ton corps si beau,
Comme
une étoffe vacillante,
Miroiter
la peau !

Sur
ta chevelure profonde
Aux
âcres parfums,
Mer
odorante et vagabonde
Aux
flots bleus et bruns,

Comme
un navire qui s'éveille
Au
vent du matin,
Mon
âme rêveuse appareille
Pour
un ciel lointain.

Tes
yeux, où rien ne se révèle
De
doux ni d'amer,
Sont
deux bijoux froids où se mêle
L
'or avec le fer.

À
te voir marcher en cadence,
Belle
d'abandon,
On
dirait un serpent qui danse
Au
bout d'un bâton.

Sous
le fardeau de ta paresse
Ta
tête d'enfant
Se
balance avec la mollesse
D
'un jeune éléphant,

Et
ton corps se penche et s'allonge
Comme
un fin vaisseau
Qui
roule bord sur bord et plonge
Ses
vergues dans l'eau.

Comme
un flot grossi par la fonte
Des
glaciers grondants,
Quand
l'eau de ta bouche remonte
Au
bord de tes dents,

Je
crois boire un vin de Bohême,
Amer
et vainqueur,
Un
ciel liquide qui parsème
D
'étoiles mon cœur !
Le serpent qui danse
Poèmes de Charles Baudelaire

Citations de Charles Baudelaire
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Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme,
Ô
beauté ? Ton regard, infernal et divin,
Verse
confusément le bienfait et le crime,
Et
l'on peut pour cela te comparer au vin.

Tu
contiens dans ton œil le couchant et l'aurore ;
Tu
répands des parfums comme un soir orageux ;
Tes
baisers sont un philtre et ta bouche une amphore
Qui
font le héros lâche et l'enfant courageux.

Sors-tu
du gouffre noir ou descends-tu des astres ?
Le
destin charmé suit tes jupons comme un chien ;
Tu
sèmes au hasard la joie et les désastres,
Et
tu gouvernes tout et ne réponds de rien.

Tu
marches sur des morts, beauté, dont tu te moques ;
De
tes bijoux l'horreur n'est pas le moins charmant,
Et
le meurtre, parmi tes plus chères breloques,
Sur
ton ventre orgueilleux danse amoureusement.

L
'éphémère ébloui vole vers toi, chandelle,
Crépite
, flambe et dit : bénissons ce flambeau !
L
'amoureux pantelant incliné sur sa belle
A
l'air d'un moribond caressant son tombeau.

Que
tu viennes du ciel ou de l'enfer, qu'importe,
Ô
beauté ! Monstre énorme, effrayant, ingénu !
Si
ton œil, ton souris, ton pied, m'ouvrent la porte
D
'un infini que j'aime et n'ai jamais connu ?

De
Satan ou de Dieu, qu'importe ? Ange ou sirène,
Qu
'importe, si tu rends, - fée aux yeux de velours,
Rythme
, parfum, lueur, ô mon unique reine ! -
L
'univers moins hideux et les instants moins lourds ?
Hymne à la beauté
Poèmes de Charles Baudelaire

Citations de Charles Baudelaire
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