Poème +uvres - 15 Poèmes sur +uvres
15 poèmes
Phonétique : ! : ; ? à ah çà ha haï hâté hi ho hué thé yé-yé
Plus sur ce poème | Commenter le poème | Imprimer le poèmeEh bien ! reprends-le donc ce peu de fange obscure
Qui pour quelques instants s'anima sous ta main ;
Dans ton dédain superbe, implacable Nature,
Brise à jamais le moule humain.
De ces tristes débris quand tu verrais, ravie,
D'autres créations éclore à grands essaims,
Ton Idée éclater en des formes de vie
Plus dociles à tes desseins,
Est-ce à dire que Lui, ton espoir, ta chimère,
Parce qu'il fut rêvé, puisse un jour exister ?
Tu crois avoir conçu, tu voudrais être mère ;
A l'œuvre ! il s'agit d'enfanter.
Change en réalité ton attente sublime.
Mais quoi ! pour les franchir, malgré tous tes élans,
La distance est trop grande et trop profond l'abîme
Entre ta pensée et tes flancs.
La mort est le seul fruit qu'en tes crises futures
Il te sera donné d'atteindre et de cueillir ;
Toujours nouveaux débris, toujours des créatures
Que tu devras ensevelir.
Car sur ta route en vain l'âge à l'âge succède ;
Les tombes, les berceaux ont beau s'accumuler,
L'Idéal qui te fuit, l'Ideal qui t'obsède,
A l'infini pour reculer.
L'objet de ta poursuite éternelle et sans trêve
Demeure un but trompeur à ton vol impuissant
Et, sous le nimbe ardent du désir et du rêve,
N'est qu'un fantôme éblouissant.
Il resplendit de loin, mais reste inaccessible.
Prodigue de travaux, de luttes, de trépas,
Ta main me sacrifie à ce fils impossible ;
Je meurs, et Lui ne naîtra pas.
Pourtant je suis ton fils aussi ; réel, vivace,
Je sortis de tes bras des les siècles lointains ;
Je porte dans mon cœur, je porte sur ma face,
Le signe empreint des hauts destins.
Un avenir sans fin s'ouvrait ; dans la carrière
Le Progrès sur ses pas me pressait d'avancer ;
Tu n'aurais même encor qu'à lever la barrière :
Je suis là, prêt à m'élancer.
Je serais ton sillon ou ton foyer intense ;
Tu peux selon ton gré m'ouvrir ou m'allumer.
Une unique étincelle, ô mère ! une semence !
Tout s'enflamme ou tout va germer.
Ne suis-je point encor seul à te trouver belle ?
J'ai compté tes trésors, j'atteste ton pouvoir,
Et mon intelligence, ô Nature éternelle !
T'a tendu ton premier miroir.
En retour je n'obtiens que dédain et qu'offense.
Oui, toujours au péril et dans les vains combats !
Éperdu sur ton sein, sans recours ni défense,
Je m'exaspère et me débats.
Ah ! si du moins ma force eût égalé ma rage,
Je l'aurais déchiré ce sein dur et muet :
Se rendant aux assauts de mon ardeur sauvage,
Il m'aurait livré son secret.
C'en est fait, je succombe, et quand tu dis : « J'aspire ! »
Je te réponds : « Je souffre ! » infirme, ensanglanté ;
Et par tout ce qui naît , par tout ce qui respire,
Ce cri terrible est répété.
Oui, je souffre ! et c'est toi, mère, qui m'extermines,
Tantôt frappant mes flancs, tantôt blessant mon cœur ;
Mon être tout entier, par toutes ses racines,
Plonge sans fond dans la douleur.
J'offre sous le soleil un lugubre spectacle.
Ne naissant, ne vivant que pour agoniser.
L'abîme s'ouvre ici, là se dresse l'obstacle :
Ou m'engloutir, ou me briser !
Mais, jusque sous le coup du désastre suprême,
Moi, l'homme, je t'accuse à la face des cieux.
Créatrice, en plein front reçois donc l'anathème
De cet atome audacieux.
Sois maudite, ô marâtre ! en tes œuvres immenses,
Oui, maudite à ta source et dans tes éléments,
Pour tous tes abandons, tes oublis, tes démences,
Aussi pour tes avortements !
Que la Force en ton sein s'épuise perte à perte !
Que la Matière, à bout de nerf et de ressort,
Reste sans mouvement, et se refuse, inerte,
A te suivre dans ton essor !
Qu'envahissant les cieux, I'Immobilité morne
Sous un voile funèbre éteigne tout flambeau,
Puisque d'un univers magnifique et sans borne
Tu n'as su faire qu'un tombeau !
L’Homme à la Nature
Poèmes de Louise Ackermann
Citations de Louise Ackermann
| Envoyer à un ami | Voter pour ce poème | 1376 votes
Plus sur ce poème | Voter pour ce poème | 642 votesLe Commerce enfante à la ronde
Les produits les plus merveilleux;
Le trafic est la loi du monde,
La chaîne des temps et des lieux.
La vente est publique ou secrète ;
Mais, hors les œuvres de Viennet,
Tout ici bas se vend, s'achète...
Ça dépend du prix qu'on y met.
Mondor est fier de sa croix neuve.
Ce Mondor s'est donc fait un nom ?
Nullement.
Il a donc fait preuve de courage ou de talent? --- Non.
Mais il est riche, et sa main jette
Tout l'or que sa bouche promet...
Il aura bientôt la rosette,
Ça dépend du prix qu'on y met.
La jeune Lise se retranche
Dans sa vertueuse rigueur.
Un doigt touche à peine sa manche,
Qu'elle proteste avec vigueur.
Un richard s'offre à la rebelle ;
Sur un mot d'ordre elle l'admet.
Il prend tout, la manche et la belle...
Ça dépend du prix qu'on y met.
Certain orateur dynastique
Tonne, de toute la hauteur
De son éloquence élastique,
Contre un régime corrupteur.
Qu'un mot dans l'oreille on lui glisse,
Un rhume opportun le soumet
Au régime.... de la réglisse.
Ça dépend du prix qu'on y met.
Caroline errait en Vendée
A travers buissons et périls.
Des rois la fille bien gardée
Échappait à nos alguazils.
Thiers, plus fin, à sa piste en voie
Une bourse au lieu d'un plumet.
Dans huit jours il aura sa proie...
Ça dépend du prix qu'on y met.
Oyez tous les ans nos ministres;
« Pour arrêter dans son essor
L'anarchie aux projets sinistres,
Il nous faut des millions encor.
Trois millions... elle est expulsée,
Notre zèle vous le promet.
Un de plus, elle est écrasée...
Ça dépend du prix qu'on y met. »
Indépendant de contrebande,
Un auteur des plus abondants
Livre, par ordre et sur commande,
De fort mauvais Indépendants.
C'est qu'il attend maigre salaire
De la pratique qui commet.
Payé mieux, il eût su mieux faire...
Ça dépend du prix qu'on y met.
Il n'est rien que l'or ne procure :
Succès dramatiques, pouvoir,
Noblesse, esprit, beauté, droiture,
Places, rang, louanges, savoir,
Serments saints, dévouements austères
Que d'un prince à l'autre on transmet,
Majorités parlementaires...
Ça dépend du prix qu'on y met.
Le Commerce, hors les temps de crises
Où parfois à court il est pris,
Offre à tout prix des marchandises ,
Des gouvernements à tout prix.
Toile ou roi, ministre ou faïence, Demandez... On vous en remet
Pour votre argent en conscience...
Ça dépend du prix qu'on y met.
Ça dépend du prix qu'on y met
Poèmes de Agénor Altaroche
Citations de Agénor Altaroche