Poème +Vois - 50 Poèmes sur +Vois


50 poèmes


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Autrefois on vouait un saint culte au grand âge.
Quand
sur le sol tremblaient les autels chancelants,
Un
seul restait debout au milieu de l'orage,
L'autel des cheveux blancs.

La
vieillesse toujours, et dans Rome et dans Sparte,
Fut
l'arbitre des lois et du gouvernement.
Le
respect des vieillards de toute ancienne charte
Etait le fondement.

Les
jeunes gens couraient près d'une tête blanche,
Qu
'il était beau ce nœud qui, toujours enlacé,
Liait
le front adulte au front que le temps penche,
Le présent au passé !

Hélas
! elle n'est plus, cette ère de foi sainte !
La
vieillesse a perdu son antique pavois.
Elle
a suivi les Dieux : sa latrie est éteinte
Dans les mœurs, dans les lois.

En
notre âge pervers, pour la jeune moustache
On
a plus de respect que pour les blancs cheveux.
Le
vieillard-aujourd'hui n'est plus qu'une ganache,
Un radoteur, un vieux.

Mais
ce n'est point assez qu'on lance l’anathème,
De
nos jours, au vieillard autrefois vénéré.
Le
siècle peut montrer un vieillard... ô blasphème !
Fraîchement décoré !!!

Décoré
! c'est passer les bornes de l'insulte.
Décorer
un vieillard ! Un homme infirme encore !
C
'est digne d'un pouvoir qui garde pour tout culte
Le culte du Veau d'or.

N
'as-tu donc tant vécu que pour cette avanie ?
La
croix, ô Montlosier, la croix ! affreux malheur !
C
'est un lourd cauchemar qui, dans ton insomnie,
Pèsera sur ton cœur !

A
quoi donc t'ont servi les nombreuses pituites
Et
l'honneur amassés depuis quatre-vingts ans ?
Et
tes anciens combats contre les noirs jésuites,
Et tes patois récents ?

Quand
des petits journaux la lanière te blesse,
Le
pouvoir, te laissant dans un triste abandon,
Tare
grotesquement ta robe de vieillesse
De son rouge cordon.

C’est
montrer peu d'égards pour ta noble perruque.
Le
régime qu'on voit, de ton âge envieux,
Traiter
si lestement ta poitrine caduque,
Ne sera jamais vieux.

Toi
qui portes si bien le poids de ton grand âge,
Puisse-tu
, retrouvant ta primitive ardeur,
Avec
la même force et le même courage
Porter ta croix d'honneur !
La vieillesse
Poèmes de Agénor Altaroche

Citations de Agénor Altaroche
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Sans feu Paris ne peut plus vivre ;
Il
court, tout crispé de frissons,
Secouant
sa barbe de givre
Et
son lourd manteau de glaçons.
Sous
la laine où le vent pénètre,
Chaque
nez rouge que l'on voit
Dit
encore mieux qu'un thermomètre :
Quel froid ! Quel froid !

Dans
sa mansarde crevassée,
Ouverte
aux injures du temps,
Le
pauvre sous la paille usée
Cache
ses membres grelottants.
Trop
faible, en vain sa voix appelle
Le
pain qui manque... A son vieux toit
Un
seul hôte reste fidèle :
Le froid ! Le froid !

Le
monarque, en dix-huit cent trente,
Sur
ses pas amassait toujours
La
foule enthousiaste, ardente,
Sous
le chaud soleil des trois jours.
Mais
quand sur le quai la cour passe,
Aujourd
'hui, Seine et peuple, on voit
Tout
immobile, tout de glace...
Quel froid ! Quel froid !

Toujours
la gauche dynastique,
Eprise
de programmes creux,
Poursuit
sa futile tactique
De
demi-pas, de demi-vœux.
Son
éloquence en vain s'agite
Et
tourne dans un cercle étroit ;
Le
peuple dit en passant vile :
C'est froid ! C'est froid !

Chaque
matin, près de Lisette,
Mon
voisin, adroit séducteur,
Sans
feu, dans une humble chambrette
De
sa flamme exprime l'ardeur.
Mais
lorsqu'après l'amour en fraude,
L
'amour conjugal le reçoit,
Quoique
la chambre soit bien chaude,
Quel froid ! Quel froid !

En
dépit des calorifères,
Le
froid pénètre un peu partout,
Dans
les salons des ministères,
Et
même dans plus d'un grand raout.
A
l'Institut où l'on sommeille,
Aux
Cours où sans peine on s’assoit,
Aux
Français où l'art se réveille,
Quel froid ! Quel froid !

Mais
je sens, malgré ma douillette,
Qu
'en mon corps le froid s'est glissé,
Car
le feu sacré du poète
Est
lui-même au froid exposé,
Je
n'ai plus la force d'écrire
Et
la plume échappe à mon doigt...
Cessons
, car vous pourriez me dire
C'est froid ! C'est froid !
Quel froid !
Poèmes de Agénor Altaroche

Citations de Agénor Altaroche
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