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Lorsque tu vins, à pas réfléchis, dans la brume,
Le ciel mêlait aux ors le cristal et l’airain.
Ton corps se devinait, ondoiement incertain,
Plus souple que la vague et plus frais que l’écume.
Le soir d’été semblait un rêve oriental
De rose et de santal.


Je tremblais. De longs lys religieux et blêmes
Se mouraient dans tes mains, comme des cierges froids.
Leurs parfums expirants s’échappaient de tes doigts
En le souffle pâmé des angoisses suprêmes.
De tes clairs vêtements s’exhalaient tour à tour
L’agonie et l’amour.


Je sentis frissonner sur mes lèvres muettes
La douceur et l’effroi de ton premier baiser.
Sous tes pas, j’entendis les lyres se briser
En criant vers le ciel l’ennui fier des poètes
Parmi des flots de sons languissamment décrus,
Blonde, tu m’apparus.


Et l’esprit assoiffé d’éternel, d’impossible,
D’infini, je voulus moduler largement
Un hymne de magie et d’émerveillement.
Mais la strophe monta bégayante et pénible,
Reflet naïf, écho puéril, vol heurté,
Vers ta Divinité.
À la Femme aimée
Poèmes de Renée Vivien

Citations de Renée Vivien
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C’est l’heure du réveil… Soulève tes paupières…
Au
loin la luciole aiguise ses lumières,
Et
le blême asphodèle a des souffles d’amour.
La
nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne,
Car
la lune a verdi le bleu de la montagne,
Car
la nuit est à nous comme à d’autres le jour.

Je
n’entends, au milieu des forêts taciturnes,
Que
le bruit de ta robe et des ailes nocturnes,
Et
la fleur d’aconit, aux blancs mornes et froids,
Exhale
ses parfums et ses poisons intimes…
Un
arbre, traversé du souffle des abîmes,
Tend
vers nous ses rameaux, crochus comme des doigts.

Le
bleu nocturne coule et s’épand… À cette heure,
La
joie est plus ardente et l’angoisse est meilleure,
Le
souvenir est beau comme un palais détruit…
Des
feux follets courront le long de nos vertèbres,
Car
l’âme ressuscite au profond des ténèbres,
Et
l’on ne redevient soi-même que la nuit.
La Nuit est à nous
Poèmes de Renée Vivien

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