Poème +L+une - 248 Poèmes sur +L+une


248 poèmes


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Pour lui prouver que je l’aime plus que moi-même,
Je
donnerai mes yeux à la femme que j’aime.

Je
lui dirai d’un ton humble, tendre et joyeux :
Ma très chère, voici l’offrande de mes yeux.

Je
te donnerai mes yeux qui virent tant de choses.
Tant
de couchants et tant de mers et tant de roses.

Ces
yeux, qui furent miens, se posèrent jadis
Sur
le terrible autel de l’antique Eleusis,

Sur
Séville aux beautés pieuses et profanes,
Sur
la lente Arabie avec ses caravanes.

J’ai
vu Grenade éprise en vain de ses grandeurs
Mortes
, parmi les chants et les lourdes odeurs.

Venise
qui pâlit, Dogaresse mourante,
Et
Florence qui fut la maîtresse de Dante.

J’ai
vu l’Helladepleure un écho de syrinx,
Et
l’Egypte accroupie en face du grand Sphinx,

J’ai
vu, près des flots sourds que la nuit rassérène,
Ces
lourds vergers qui sont l’orgueil de Mytilène.

J’ai
vu des îles d’or aux temples parfumés,
Et
ce Yeddo, plein de voix frêles de mousmés.

Au
hasard des climats, des courants et des zones,
J’ai
vu la Chine même avec ses faces jaunes…

J’ai
vu les îles d’or où l’air se fait plus doux,
Et
les étangs sacrés près des temples hindous,

Ces
templessurvit l’inutile sagesse…
Je
te donne tout ce que j’ai vu, ma maîtresse !

Je
reviens, t’apportant mes ciels gris ou joyeux.
Toi
que j’aime, voici l’offrande de mes yeux.
L’offrande
Poèmes de Renée Vivien

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Ton rire est clair, ta caresse est profonde,
Tes
froids baisers aiment le mal qu’ils font ;
Tes
yeux sont bleus comme un lotus sur l’onde,
Et
les lys d’eau sont moins purs que ton front.

Ta
forme fuit, ta démarche est fluide,
Et
tes cheveux sont de légers roseaux ;
Ta
voix ruisselle ainsi qu’un flot perfide ;
Tes
souples bras sont pareils aux roseaux,

Aux
longs roseaux des fleuves, dont l’étreinte
Enlace
, étouffe, étrangle savamment,
Au
fond des flots, une agonie éteint
Dans
un nocturne évanouissement.
Ton rire est clair, ta caresse est profonde
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