Poème +Irait - 22 Poèmes sur +Irait


22 poèmes


Phonétique : ! : ; ? à ah çà ha haï hâté hi ho hué thé yé-yé ira irai irais irait iras ire ires iris irisé irrité


J'aime le souvenir de ces époques nues,
Dont
Phoebus se plaisait à dorer les statues.
Alors
l'homme et la femme en leur agilité
Jouissaient
sans mensonge et sans anxiété,
Et
, le ciel amoureux leur caressant l'échine,
Exerçaient
la santé de leur noble machine.
Cybèle
alors, fertile en produits généreux,
Ne
trouvait point ses fils un poids trop onéreux,
Mais
, louve au cœur gonflé de tendresses communes,
Abreuvait
l'univers à ses tétines brunes.
L
'homme, élégant, robuste et fort, avait le droit
D
'être fier des beautés qui le nommaient leur roi ;
Fruits
purs de tout outrage et vierges de gerçures,
Dont
la chair lisse et ferme appelait les morsures !

Le
poète aujourd'hui, quand il veut concevoir
Ces
natives grandeurs, aux lieux où se font voir
La
nudité de l'homme et celle de la femme,
Sent
un froid ténébreux envelopper son âme
Devant
ce noir tableau plein d'épouvantement.
Ô
monstruosités pleurant leur vêtement !
Ô
ridicules troncs ! Torses dignes des masques !
Ô
pauvres corps tordus, maigres, ventrus ou flasques,
Que
le dieu de l'utile, implacable et serein,
Enfants
, emmaillota dans ses langes d'airain !
Et
vous, femmes, hélas ! Pâles comme des cierges,
Que
ronge et que nourrit la débauche, et vous, vierges,
Du
vice maternel traînant l'hérédité
Et
toutes les hideurs de la fécondité !

Nous
avons, il est vrai, nations corrompues,
Aux
peuples anciens des beautés inconnues :
Des
visages rongés par les chancres du cœur,
Et
comme qui dirait des beautés de langueur ;
Mais
ces inventions de nos muses tardives
N
'empêcheront jamais les races maladives
De
rendre à la jeunesse un hommage profond,
-
À la sainte jeunesse, à l'air simple, au doux front,
À
œil limpide et clair ainsi qu'une eau courante,
Et
qui va répandant sur tout, insouciante
Comme
l'azur du ciel, les oiseaux et les fleurs,
Ses
parfums, ses chansons et ses douces chaleurs !
J'aime le souvenir de ces époques nues
Poèmes de Charles Baudelaire

Citations de Charles Baudelaire
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Que j'aime voir, chère indolente,
De
ton corps si beau,
Comme
une étoffe vacillante,
Miroiter
la peau !

Sur
ta chevelure profonde
Aux
âcres parfums,
Mer
odorante et vagabonde
Aux
flots bleus et bruns,

Comme
un navire qui s'éveille
Au
vent du matin,
Mon
âme rêveuse appareille
Pour
un ciel lointain.

Tes
yeux, où rien ne se révèle
De
doux ni d'amer,
Sont
deux bijoux froids où se mêle
L
'or avec le fer.

À
te voir marcher en cadence,
Belle
d'abandon,
On
dirait un serpent qui danse
Au
bout d'un bâton.

Sous
le fardeau de ta paresse
Ta
tête d'enfant
Se
balance avec la mollesse
D
'un jeune éléphant,

Et
ton corps se penche et s'allonge
Comme
un fin vaisseau
Qui
roule bord sur bord et plonge
Ses
vergues dans l'eau.

Comme
un flot grossi par la fonte
Des
glaciers grondants,
Quand
l'eau de ta bouche remonte
Au
bord de tes dents,

Je
crois boire un vin de Bohême,
Amer
et vainqueur,
Un
ciel liquide qui parsème
D
'étoiles mon cœur !
Le serpent qui danse
Poèmes de Charles Baudelaire

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