Poème Lorsqu - 49 Poèmes sur Lorsqu


49 poèmes


Phonétique : lorsqu lorsque


Donne-moi tes mains pour l'inquiétude
Donne-moi
tes mains dont j'ai tant rêvé
Dont
j'ai tant rêvé dans ma solitude
Donne-moi
tes mains que je sois sauvé

Lorsque
je les prends à mon pauvre piège
De
paume et de peur de hâte et d'émoi
Lorsque
je les prends comme une eau de neige
Qui
fond de partout dans mes mains à moi

Sauras-tu
jamais ce qui me traverse
Ce
qui me bouleverse et qui m'envahit
Sauras-tu
jamais ce qui me transperce
Ce
que j'ai trahi quand j'ai tresailli

Ce
que dit ainsi le profond langage
Ce
parler muet de sens animaux
Sans
bouche et sans yeux miroir sans image
Ce
frémir d'aimer qui n'a pas de mots

Sauras-tu
jamais ce que les doigts pensent
D'une
proie entre eux un instant tenue
Sauras-tu
jamais ce que leur silence
Un
éclair aura connu d'inconnu

Donne-moi
tes mains que mon coeur s'y forme
S'y
taise le monde au moins un moment
Donne-moi
tes mains que mon âme y dorme
Que
mon âme y dorme éternellement.


Les mains d'Elsa
Poèmes de Louis Aragon

Citations de Louis Aragon
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Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire
J'ai
vu tous les soleils y venir se mirer
S'y
jeter à mourir tous les désespérés
Tes
yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire

À
l'ombre des oiseaux c'est l'océan troublé
Puis
le beau temps soudain se lève et tes yeux changent
L'été
taille la nue au tablier des anges
Le
ciel n'est jamais bleu comme il l'est sur les blés

Les
vents chassent en vain les chagrins de l'azur
Tes
yeux plus clairs que lui lorsqu'une larme y luit
Tes
yeux rendent jaloux le ciel d'après la pluie
Le
verre n'est jamais si bleu qu'à sa brisure

Mère
des Sept douleurs ô lumière mouillée
Sept
glaives ont percé le prisme des couleurs
Le
jour est plus poignant qui point entre les pleurs
L'iris
troué de noir plus bleu d'être endeuillé

Tes
yeux dans le malheur ouvrent la double brèche
Par
où se reproduit le miracle des Rois
Lorsque
le coeur battant ils virent tous les trois
Le
manteau de Marie accroché dans la crèche

Une
bouche suffit au mois de Mai des mots
Pour
toutes les chansons et pour tous les hélas
Trop
peu d'un firmament pour des millions d'astres
Il
leur fallait tes yeux et leurs secrets gémeaux

L'enfant
accaparé par les belles images
Écarquille
les siens moins démesurément
Quand
tu fais les grands yeux je ne sais si tu mens
On
dirait que l'averse ouvre des fleurs sauvages

Cachent-ils
des éclairs dans cette lavande
Des
insectes défont leurs amours violentes
Je
suis pris au filet des étoiles filantes
Comme
un marin qui meurt en mer en plein mois d'août

J'ai
retiré ce radium de la pechblende
Et
j'ai brûlé mes doigts à ce feu défendu
Ô
paradis cent fois retrouvé reperdu
Tes
yeux sont mon Pérou ma Golconde mes Indes

Il
advint qu'un beau soir l'univers se brisa
Sur
des récifs que les naufrageurs enflammèrent
Moi
je voyais briller au-dessus de la mer
Les
yeux d'Elsa les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa


Les Yeux d'Elsa
Poèmes de Louis Aragon

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