Poème Innocent - 9 Poèmes sur Innocent
9 poèmes
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Plus sur ce poème | Voter pour ce poème | 676 votesSur le seuil des enfers Eurydice éplorée
S'évaporait légère, et cette ombre adorée
À son époux en vain dans un suprême effort
Avait tendu les bras. Vers la nuit éternelle,
Par delà les flots noirs le Destin la rappelle ;
Déjà la barque triste a gagné l'autre bord.
Tout entier aux regrets de sa perte fatale,
Orphée erra longtemps sur la rive infernale.
Sa voix du nom chéri remplit ces lieux déserts.
Il repoussait du chant la douceur et les charmes ;
Mais, sans qu'il la touchât, sa lyre sous ses larmes
Rendait un son plaintif qui mourait dans les airs.
Enfin, las d'y gémir, il quitta ce rivage
Témoin de son malheur. Dans la Thrace sauvage
Il s'arrête, et là, seul, secouant la torpeur
Où le désespoir sombre endormait son génie,
Il laissa s'épancher sa tristesse infinie
En de navrants accords arrachés à son coeur.
Ce fut le premier chant de la douleur humaine
Que ce cri d'un époux et que sa plainte vaine ;
La parole et la lyre étaient des dons récents.
Alors la poésie émue et colorée
Voltigeait sans effort sur la lèvre inspirée
Dans la grâce et l'ampleur de ses jeunes accents.
Des sons harmonieux telle fut la puissance
Qu'elle adoucit bientôt cette amère souffrance ;
Un sanglot moins profond sort de ce sein brisé.
La Muse d'un sourire a calmé le poète ;
Il sent, tandis qu'il chante, une vertu secrète
Descendre lentement dans son coeur apaisé.
Et tout à coup sa voix qu'attendrissent encore
Les larmes qu'il versa, prend un accent sonore.
Son chant devient plus pur ; grave et mélodieux,
Il célèbre à la fois dans son élan lyrique
L'Hyménée et l'Amour, ce beau couple pudique
Qui marche heureux et fier sous le regard des Dieux.
Il les peint dans leur force et dans la confiance
De leurs voeux éternels. Sur le Temps qui s'avance
Ils ont leurs yeux fixés que nul pleur n'a ternis.
Leur présence autour d'eux répand un charme austère ;
Mais ces enfants du ciel descendus sur la terre
Ne sont vraiment divins que quand ils sont unis.
Oui, si quelque erreur triste un moment les sépare,
Dans leurs sentiers divers bientôt chacun s'égare.
Leur pied mal affermi trébuche à tout moment.
La Pudeur se détourne et les Grâces décentes,
Qui les suivaient, formant des danses innocentes,
Ont à l'instant senti rougir leur front charmant.
Eux seuls en l'enchantant font à l'homme éphémère
Oublier ses destins. Leur main douce et légère
Le soutient dans la vie et le guide au tombeau.
Si les temps sont mauvais et si l'horizon semble
S'assombrir devant eux, ils l'éclairent ensemble,
Appuyés l'un sur l'autre et n'ayant qu'un flambeau.
Pour mieux entendre Orphée, au sein de la nature
Tout se taisait ; les vents arrêtaient leur murmure.
Même les habitants de l'Olympe éthéré
Oubliaient le nectar ; devant leur coupe vide
Ils écoutaient charmés, et d'une oreille avide,
Monter vers eux la voix du mortel inspiré.
Ces deux divinités que chantait l'hymne antique
N'ont rien perdu pour nous de leur beauté pudique ;
Leur front est toujours jeune et serein. Dans leurs yeux
L'immortelle douceur de leur âme respire.
Calme et pur, le bonheur fleurit sous leur sourire ;
Un parfum sur leurs pas trahit encor les Dieux.
Bien des siècles ont fui depuis l'heure lointaine
Où la Thrace entendit ce chant ; sur l'âme humaine
Plus d'un souffle a passé; mais l'homme sent toujours
Battre le même coeur au fond de sa poitrine.
Gardons-nous d'y flétrir la fleur chaste et divine
De l'amour dans l'hymen éclose aux anciens jours.
L'âge est triste ; il pressent quelque prochaine crise.
Déjà plus d'un lien se relâche ou se brise.
On se trouble, on attend. Vers un but ignoré
Lorsque l'orage est là qui bientôt nous emporte,
Ah ! pressons, s'il se peut, d'une étreinte plus forte
Un coeur contre le nôtre, et dans un noeud sacré.
L'hyménée et l'amour
Poèmes de Louise Ackermann
Citations de Louise Ackermann
Plus sur ce poème | Commenter le poème | Imprimer le poèmeEntre tous mes tourments entre la mort et moi
Entre mon désespoir et la raison de vivre
Il y a l'injustice et ce malheur des hommes
Que je ne peux admettre il y a ma colère
Il y a les maquis couleur de sang d'Espagne
Il y a les maquis couleur du ciel de Grèce
Le pain le sang le ciel et le droit à l'espoir
Pour tous les innocents qui haïssent le mal
La lumière toujours est tout près de s'éteindre
La vie toujours s'apprête à devenir fumier
Mais le printemps renaît qui n'en a pas fini
Un bourgeon sort du noir et la chaleur s'installe
Et la chaleur aura raison des égoïstes
Leurs sens atrophiés n'y résisteront pas
J'entends le feu parler en riant de tiédeur
J'entends un homme dire qu'il n'a pas souffert
Toi qui fus de ma chair la conscience sensible
Toi que j'aime à jamais toi qui m'as inventé
Tu ne supportais pas l'oppression ni l'injure
Tu chantais en rêvant le bonheur sur la terre
Tu rêvais d'être libre et je te continue.
Dit de la force de l'amour
Poèmes de Eugène Emile Paul Grindel, dit Paul Eluard
Citations de Eugène Emile Paul Grindel, dit Paul Eluard
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