Poème +Je - 369 Poèmes sur +Je


369 poèmes


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La très chère était nue, et, connaissant mon coeur,
Elle
n'avait gardé que ses bijoux sonores,
Dont
le riche attirail lui donnait l'air vainqueur
Qu
'ont dans leurs jours heureux les esclaves des Mores.


Quand
il jette en dansant son bruit vif et moqueur,
Ce
monde rayonnant de métal et de pierre
Me
ravit en extase, et j'aime à la fureur
Les
choses où le son se mêle à la lumière.


Elle
était donc couchée et se laissait aimer,
Et
du haut du divan elle souriait d'aise
A
mon amour profond et doux comme la mer,
Qui
vers elle montait comme vers sa falaise.


Les
yeux fixés sur moi, comme un tigre dompté,
D
'un air vague et rêveur elle essayait des poses,
Et
la candeur unie à la lubricité
Donnait
un charme neuf à ses métamorphoses ;


Et
son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,
Polis
comme de l'huile, onduleux comme un cygne,
Passaient
devant mes yeux clairvoyants et sereins ;
Et
son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,


S
'avançaient, plus câlins que les Anges du mal,
Pour
troubler le repos où mon âme était mise,
Et
pour la déranger du rocher de cristal
, calme et solitaire, elle s'était assise.


Je
croyais voir unis par un nouveau dessin
Les
hanches de l'Antiope au buste d'un imberbe,
Tant
sa taille faisait ressortir son bassin.
Sur
ce teint fauve et brun, le fard était superbe !


Et
la lampe s'étant résignée à mourir,
Comme
le foyer seul illuminait la chambre,
Chaque
fois qu'il poussait un flamboyant soupir,
Il
inondait de sang cette peau couleur d'ambre !

Les Bijoux
Poèmes de Charles Baudelaire

Citations de Charles Baudelaire
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Les cloîtres anciens sur leurs grandes murailles
Étalaient
en tableaux la sainte vérité,
Dont
l'effet, réchauffant les pieuses entrailles,
Tempérait
la froideur de leur austérité.

En
ces temps où du Christ florissaient les semailles,
Plus
d'un illustre moine, aujourd'hui peu cité,
Prenant
pour atelier le champ des funérailles,
Glorifiait
la mort avec simplicité.

-
Mon âme est un tombeau que, mauvais cénobite,
Depuis
l'éternité je parcours et j'habite ;
Rien
n'embellit les murs de ce cloître odieux.

Ô
moine fainéant ! Quand saurai-je donc faire
Du
spectacle vivant de ma triste misère
Le
travail de mes mains et l'amour de mes yeux ?
Le mauvais moine
Poèmes de Charles Baudelaire

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